Voix

Ce pourrait être d’abord une perception confuse. On pourrait croire au bruit diffus d’une conversation. Nous serions dans l’atmosphère du buffet littéraire où le froissement des pages lues, la variété des voix de lecteurs, leur hésitation ou leur fermeté, leur élan ou leur retrait, tissent peu à peu dans nos rencontres mensuelles, ce lien avec la littérature qui, plus que tout sans doute, révèle la signification de nos échanges.

Ce pourrait être ensuite une intention avérée. On voudrait croire à la nécessité de laisser une trace visible, lisible, des textes partagés dans le silence attentif et chaleureux de nos rencontres. Il y a ceux d’auteurs connus, qui nous accompagnent : textes choisis sur les rayonnages de la bibliothèque pour en donner à lire un extrait. Mais ceux aussi, que nous écrivons à l’ombre des maîtres, avec nos doutes et nos chemins de traverse en écriture.

Ce sera une revue dont le titre même assume parfaitement le désir de faire entendre des voix, toutes et chacune avec un timbre, une tonalité, une respiration particulière-sur-et-entre-les-lignes.

Ce sera une revue qui s’écrira pas à pas, soucieuse de la structure, du rythme et de la vibration qu’on appelle le style. Elle sera ouverte aux souffles imaginaires, confrontée aux secousses du réel, tendue dans l’entreligne des émotions.

Ce sera une revue où le peintre, le graveur, le photographe se proposeront d’entrer  au détour des pages écrites. Complices du propos ou maîtres de l’effraction, ils donneront dans la tourne, l’ombre et la clarté, les couleurs et les lignes, la profondeur et la dilution.

Ce sera une revue qui glissera au printemps, sur nos écrans, élégamment vêtue de fibre optique lumineuse. Puis à l’automne, dès la chute des feuilles, nous lui donnerons le vêtement soyeux du papier, pour doucement la feuilleter.

Ainsi deux fois l’an, la revue VOIX paraîtra.

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Publié le 25 septembre 2019