L’Autre livre, côté revues…

Dimanche 13 novembre, 19h01. Déjà il faut remballer. Eh oui, le salon de l’édition indépendante L’Autre Livre, c’est déjà fini. L’heure est aux cartons ; flexion, extension. Ça réveille les muscles fessiers ankylosés par trois journées de station assise. Attention au claquage ! Ou au lumbago, toujours prompt, c’est bien connu, à vous prendre en traître… Certains des quelque 160 éditeurs présents Halle des Blancs-Manteaux remisent leurs revues. Enfin, pour ceux qui en ont au catalogue. Il y avait Les Cahiers de Tinbad (publiés par la maison éponyme) ou ceux, au Nouvel Athanor, du Sens (le numéro 2016 est consacré au souffle). Étaient aussi présentes Les Annales – non pas la revue de recherches en histoire fondée par Marc Bloch et Lucien Febvre, mais celle portée par la Société des amis de Louis Aragon et Elsa Triolet. La correspondance entre le premier et Romain Rolland occupe la dernière livraison parue, numérotée 17. Aux éditions Nous, les revues allaient comme toujours par trois : Grumeaux, Failles et Exemple. Juste en face, sur le stand de L’Atelier de l’Agneau, le dernier Intranquille, daté septembre, était quant à lui bien en vue sur un porte-livre. Au sommaire de ce numéro, le 11e du nom, un dossier sur le « désopilant » avec, notamment, maître Rabelais, Gilbert Lascault, Pierre Le Pillouër… Non loin de la bergerie rôdait un ursidé, si, si. Loin de sa banquise genevoise (Héros-Limite, l’éditeur, est Suisse), L’Ours blanc s’est plutôt bien acclimaté à l’ambiance surchauffée du lieu. Sous sa colorée quoique discrète couverture, on pouvait lire entre autres, pour la dernière cuvée 2016, Follain, Calet, Élisée Reclus ou encore Charles Reznikoff. Quelques allées plus loin, on pouvait voir, côte à côte, l’étonnant Nez et Omnivore, tous deux à l’enseigne des très graphiques éditions Le Contrepoint. Sans doute ces dernières détenaient-elles d’ailleurs la palme, sur le salon, des titres de livres les plus désopilants (tiens, on y revient). Jugez plutôt : T’as de la chance d’aimer les moches. Ça te donne accès à beaucoup plus de personnes ou, mon préféré, Les 30 moustachus qui n’ont jamais rien fait de mal. Toute une science, la titraille… Et c’est un lecteur de Libé qui vous le dit. Ailleurs, et last but not least, Ypsilon a réuni en un volume unique, un siècle après leur publication, les trois numéros d’Orpheu, « mythique » revue portugaise de Fernando Pessoa et Maria de Sa-Carneiro, comme l’indique, rougeoyant, un bandeau accrocheur… Il y avait sûrement d’autres revues que mon périscope, faute d’attention suffisante, aura manquées. Et puis m’a-t-on assez répété, gamin, qu’il fallait toujours dire bonjour à qui croise votre chemin. Alors que voulez-vous, entre deux poignées de mains et trois accolades, on a vite fait de s’égarer. Qu’on ne nous tienne pas rigueur de ces occasions manquées ; on se rattrapera l’année prochaine, peut-être. Pour la 15e édition, déjà.

Léo Byne, envoyé très spécial.