
Imaginaire ou barbarie –
Reprenant l’expression de Rosa Luxembourg « Socialisme ou barbarie », la revue Esprit invite à redonner des couleurs au mot et à l’idée socialiste. Il y aurait en effet, pour Michaël Foessel et Édouard Chignardet « des raisons pressantes d’imaginer une perspective socialiste pour échapper à la barbarie ».
Bien naturellement, c’est vers Axel Honneth (auteur de L’idée socialiste: un essai d’actualisation) que s’est tournée la revue pour interroger l’avenir du concept. De son côté, Bruno Karsenti analyse les difficultés et les mésaventures de la social-démocratie en France « par gros temps ». Enfin, refusant de cantonner le débat au champ universitaire, la revue propose un dialogue entre deux responsables politiques, Clémentine Autain, députée et cofondatrice du mouvement Aprés (Alliance pour une République écologique et sociale) et Paul Magnette, professeur de sciences politiques, bourgmestre de Charleroi et président du Parti socialiste belge.
Austriaca quinqua –
Référence des études autrichiennes, la revue Austriaca fête ses 50 ans cette année. Fondée en 1975 par Felix Kreissler et un groupe de spécialistes de l’Autriche et de l’Europe orientale comme Yvon Bourdet, Jacques Droz, Christiane Ravy ou Gerald Stieg, elle s’est imposé par son approche pluridisciplinaire et ouverte. Récemment, le numéro qu’elle a consacré à Jacques Bouveresse (« philosophe “autrichien” au pays de Descartes », n°96, 2023) a par exemple été particulièrement signalé. Publiée par les Presses Universitaires de Rouen et du Havre, elle est éditée avec le soutien du GRHIS (Université de Rouen Normandie) et le CREG (Université Toulouse Jean Jaurès). Grâce à cette coopération normando-occitane, les études autrichiennes sont actives et vivantes en France !
Pour marquer son cinquantenaire, une journée d’étude est organisée par les deux rédacteurs en chef de la revue, Jean-Numa Ducange et Jacques Lajarrige les 2 et 3 octobre 2025 à l’université de Rouen Normandie.
Quant à l’OTAN… –
Le 10 septembre, tandis que, en France, « on bloquait tout » et que le ministre des armées prenait ses fonctions de premier ministre, la Pologne demandait à l’OTAN d’activer l’article 4 du Traité Atlantique nord suite à 19 violations de son espace aérien par des drones russes.
En kiosque et en librairie venait de paraître le nouveau numéro de la revue Commentaire, ouvert par le texte de la vingtième Conférence Raymond Aron du Centre pour les États-Unis et l’Europe de la Brookings Institution. Prononcée le 4 juin à Washington par Camille Grand (ancien secrétaire général adjoint de l’OTAN), elle porte sur « L’avenir de l’OTAN et de l’Europe : la fin de la République impériale ? ». Partant des analyses développées par Aron dans son livre de 1973, Camille Grand dessine quatre hypothèses pour l’avenir des relations transatlantiques : une « transition organisée vers une Alliance européenne », une transition chaotique, une réduction radicale du soutien américain ou, scénario extrême, une rupture historique de l’Alliance. Pour penser ces temps difficiles, l’œuvre d’Aron « offre une boîte à outils extraordinaire » – et la lecture des revues demeure indispensable…
Pour Myrto –
Ce monde chaotique, Myrto Gondicas l’a quitté le 4 juillet dernier, des suites d’une grave maladie. Avec Stéphane Bouquet, disparu le 24 août dernier, la poésie contemporaine a perdu deux étoiles scintillantes – scintilla animae.
Traductrice, poète, dessinatrice, musicienne, Myrto Gondicas avait mille talents qu’elle aimait exprimer dans les revues. Elle a écrit dans L’Atelier du roman, Filigranes, N47, Rue Saint-Ambroise, La Passe, Les Carnets d’Eucharis, Borborygmes, Brèves, Europe, L’Étrangère, La Revue de Belles Lettres, Sarrazine ; en ligne : Coaltar, Levure littéraire…
Entrée en 2013 au comité de rédaction de Phoenix, elle était vite devenue une camarade et une amie irremplaçable. Un dossier d’hommage paraîtra dans le prochain numéro de la revue marseillaise qui organisera une rencontre poétique pour lui rendre hommage et saluer sa mémoire en lisant ses textes et ses traductions.
Ce sera le 11 octobre à 19h à l’Ours et la vieille grille, un lieu qu’elle aimait particulièrement, le week-end du Salon de la revue, rendez-vous qu’elle ne manquait jamais car elle y retrouvait les amies, les amis de France, de Navarre, d’Hellade et d’ailleurs.
François Bordes